Un vent de changement

Un pigeon qui s’apprêtait à fermer les yeux se fit éclabousser par des marcheurs.

Des marcheurs ? Pas tout à fait. Plutôt des gens qui marchaient à vive allure.

Ils sont tout le temps pressés ses humains !

L’oiseau s’envola et se réfugia en hauteur sous un pont auprès des siens.

- Qu’est-ce qui se passe encore ? demanda-t-il au plus âgé d’entre eux.

Non, attends ! Laisse-moi deviner. C’est une marche pour la Palestine.

- Non.

- Alors, c’est une marche pour le climat.

- Non plus.

- Une marche pour les Autochtones ?

- Toujours pas. Veux-tu que je te dise ?

- Oui, bon, vas-y !

- C’est une marche pour les profs et l’école publique.

- Les profs ? Parce qu’ils sont à plaindre ? Ils sont tout le temps en congé, il me semble.

- Mais d’où tiens-tu tes informations ?

- C’est bien connu du grand public, voyons !

- D’un public qui n’est pas enseignant ! C’est si facile de juger les autres alors qu’on ignore tout de leur profession.

- Parce que toi, ô sage pigeon, tu t’y connais en enseignement ?

- Pas moi, mais mes commères oui ! Et comme tu le sais, plusieurs d’entre elles résident à proximité d’écoles.

D’autres pigeons se regroupèrent autour du sage, curieux d’en savoir plus.

Le vieux pigeon, ayant capté l’attention de ses pairs, poursuivit d’un ton ferme et combatif :

- « Après 5 ans, 50 % des nouveaux profs ont quitté l’enseignement. »

« On veut des services efficaces et accessibles ! »

« On veut une classe équilibrée ! »

« On veut un salaire qui suit l’inflation ! »

« Enseignante passionnée, mais épuisée ! »

« Donnez-nous de meilleures conditions de travail, on n’est pas juste une vocation ! »

« L’enseignement n’est pas une dépense, mais un investissement ! »

Les pigeons commençaient à s’agiter quand le plus ragot d’entre eux prit la parole:

- Oh toi, plus moi, plus tous ceux qui le veulent, allez venez et soutenez les profs !

Ainsi, ils s’envolèrent en direction de la foule en chantant à plein gosier :

- « À deux à mille, je sais qu’on est capables,

Tout est possible, tout est réalisable,

On peut s’enfuir bien plus haut que nos rêves,

On peut partir bien plus loin que la grève. »