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Une plume magique


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 Perdue au milieu des décombres, une jeune fille avance lentement, faiblement.

Elle ne sent plus le poids de ses jambes et n’a qu’une seule envie : observer le coucher du soleil pour la toute dernière fois.

Elle traîne son petit corps frêle jusqu’à la mer Méditerranée.

À quelques pas d’elle, la jeune fille distingue la silhouette d’une femme assise sur ses talons, la tête surmontée d’une grande plume qui semble parfaitement tenir en équilibre.

Immobile, la femme contemple l’horizon.

La jeune fille se rapprocha d’elle à pas feutrés, mais la femme sentit une présence derrière elle et se releva subitement puis virevolta.

Surprise par cette réaction, la jeune fille se figea.

-       Ne crains rien, Dounia fille de Dalil, dit la femme à la peau ocre jaune en avançant doucement vers la jeune fille.

-       Qui ? Qui… êtes-vous ? Et co… comment connaissez-vous mon prénom et celui de mon père ? bredouilla-t-elle en fixant la plume toujours en équilibre sur la tête de cette étrange femme.

-       Je suis Maât, fille de Rê.

-       Maât ?

-       Oui. Je suis la déesse égyptienne de l’harmonie cosmique, de l’équilibre du monde, de la justice, de la paix et de la vérité. D’ailleurs, cette plume qui t’impressionne tant est la plume de vérité.

Dounia ne savait que répondre.

Elle n’avait jamais rencontré de déesse égyptienne auparavant.

Ayant senti le malaise de la jeune fille, Maât prit les devants :

-       J’ai un secret à te confier.

-       Un secret ? s’extasia Dounia. Lequel ?

Face à l’enthousiasme de la jeune fille, Maât ne put s’empêcher de sourire.

-       Cette plume que je porte sur la tête est magique.

-       Vraiment ?

-       OUI !

-       Magique comment ?

Maât se rapprocha davantage de la jeune fille et inclina la tête.

-       Seul un cœur pur comme le tien pourra la retirer.

Dounia ne se fit pas prier deux fois.

À l’aide de son pouce et de son index, elle saisit la plume par le calamus et fut surprise par la légèreté de cette rémige qu’elle avait entre les doigts.

-       Wouah ! Elle est vraiment MAGNIFIQUE votre plume déesse Maât !

-       Contente qu’elle te plaise.  

-       Est-ce qu’elle me permettra de m’envoler loin d’ici ?

-       Tu n’en auras pas besoin, ma chère Dounia, affirma-t-elle d’un ton navré. Et puis, ma plume n’est pas faite pour voler, mais plutôt pour écrire.

-       Pour écrire ? Mais pour écrire quoi ?

-       Pour écrire ce que tu aimerais le plus au monde. Pour écrire la vérité.

La jeune fille soupira. À l’exception de ses vêtements sales qui revêtent son corps, elle n’avait rien en sa possession.

-       Qu’y a -t-il, Dounia ?

-       Comment vais-je faire pour écrire sans papier ?

-       Tu oublies que c’est une plume magique ?

La jeune fille lui lança un regard voulant dire « je n’y comprends rien ! »

-       Avec cette plume, tu peux écrire partout, poursuivit Maât.

-       Je ne vous crois pas !

-       Vas-y, essaie ! l’encouragea-t-elle.

Bien que méfiante, sa curiosité l’emporta et Dounia se mit à écrire les premières lettres de son prénom dans l’air.

-       Mais, mais… Les lettres restent suspendues devant moi ! s’écria-t-elle. Mais comment est-ce possible ?

-       Me crois-tu à présent quand je te dis que c’est bel et bien une plume magique ?

Dounia secoua vigoureusement la tête et poursuivit ses écrits de droite à gauche.

J’aimerais revoir mes parents.

J’aimerais que justice soit faite.

J’aimerais vivre en paix.

J’aimerais que l’amour prenne plus de place dans le cœur des hommes.

 

Maât lui sourit et souffla sur son message afin qu’il traverse les frontières invisibles.

 

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