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SO-SO-SO SOLIDARITÉ


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Le cellulaire sonna plusieurs fois avant qu’une voix vibrante ne prenne la parole.

- Allo ?

- Allo ! Papa, c’est moi !

- Alice ! Comment vas-tu, ma chérie ?

- Beaucoup mieux à présent, répondit-elle en riant. Je n’ai jamais vu ton oreille de si près.

- Ah ! C’est un appel vidéo. Je ne m’en suis même pas rendu compte, affirma-t-il en plaçant l’écran de son cellulaire face à lui. Mais, tu as bien maigri depuis la dernière fois que je t’ai vue ! Si tu veux être en mesure d’aider les autres Alice, tu devrais faire plus attention à toi et mieux te nourrir, dit-il sur un ton réprobateur.

Aïe aïe aïe ! J’aurais dû m’en douter ! Il remarque tout, même sans ses lunettes !

- Tu as raison, papa, tu as raison. Les conditions ont été plus rudes ces temps-ci et c’est d’ailleurs la raison de mon appel. Je n…

- Laisse-moi deviner, l’interrompit-il. Tu ne rentreras pas à Montréal pour Noël.

- As-tu parlé à Pascal par hasard ?

- Je n’ai pas besoin de parler avec ton frère pour le deviner. Je l’ai lu sur ton visage, c’est tout.

- Je suis vraiment désolée, papa ! Je sais que tu espérais nous avoir tous réunis cette année pour les fêtes, mais je ne me vois pas quitter l’hôpital alors qu’ils ont réellement besoin de moi ici.

- Ma fille, même si je n’ai jamais compris la raison pour laquelle tu as voulu consacrer ta vie à MSF, tu sais que tout ce qui compte pour moi c’est ton bonheur.

Avant qu’Alice ne puisse lui répondre, elle vit une boule de poils brune sauter sur les genoux de son père.

- Qu’est-ce que…

- Ah ! Je ne t’ai jamais présenté Patapouf ?

- Depuis quand as-tu un chat ?

- Eh bien, ma foi, je l’ai adopté depuis un bon mois déjà !

- Mais il est énorme !

- Chut ! Ne dis pas ça ! Tu vas le vexer. Il est juste un peu enveloppé, comme dirait Obélix. N’est-ce pas mon chaton ? assura-t-il d’une voix câline en caressant le chat qui ronronnait.

- Papa, tu rigoles ? Tu l’as appelé Patapouf, voyons !

- Oui, je sais ! Au début c’était pour le taquiner, mais il s’est vite accoutumé à ce prénom et je ne me voyais pas le changer.

- Toi, qui n’as jamais voulu avoir un animal à la maison, tu me surprends !

- Ma fille, il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée !

Alice se contenta de sourire. Ça lui faisait un bien fou de parler avec son père, de parler d’autres choses que de blessés et de morts.

- Tu sais Alice, je ne te l’ai pas souvent dit, mais je suis très fier de toi et j’admire la femme que tu es devenue. Ton courage et ton dévouement sont exemplaires. (Il marqua une pause et fixa d’un regard lumineux les yeux cernés de sa fille.) D’ailleurs, je ne sais pas ce qui se passe ces derniers temps, mais je sens qu’un vent de changement souffle sur le monde. Tu as sûrement dû entendre parler des grèves au sein du système de l’éducation et de la santé au Québec, n’est-ce pas ?

- Oui, papa. Pascal m’en a glissé un mot. Sa conjointe est infirmière après tout.

- C’est vrai. C’est vrai, affirma-t-il en se grattant le menton. Eh bien, tu devrais voir à quel point ces femmes sont solidaires. C’est vraiment beau à voir. Et je mets l’accent sur les femmes parce qu’elles occupent la majorité des postes en éducation et en santé. En tout cas, je tenais à te le partager parce qu’elles m’ont fait penser à toi. Mais je ne vais pas te retenir plus longtemps, ma fille. Tu as sûrement d’autres chats à… hum… (Il toussota.) Je veux dire, d’autres choses à faire que d’écouter ton vieux père jaser.

- Honnêtement, papa, jaser avec toi me réconforte. Depuis que (elle marqua une courte pause et quand elle reprit la parole, le ton de sa voix avait changé) maman nous a quittés, tu es devenu en quelque sorte mon ancre, ce... celui qui me maintient connectée à la réalité, et... et je t’en suis très reconnaissante.

Patapouf, toujours confortablement assis sur les genoux de son maître, leva sa petite tête ronde vers lui alors qu’il détournait son regard de la caméra en reniflant.

- Bon, bon, ma fille, tu vas me rendre émotif.

- Je t’aime mon papa et je te souhaite de joyeuses fêtes.

- Moi aussi je t’aime ma fille et je te prie de faire attention à toi s’il te plait !

Alice lui envoya un baiser virtuel et se déconnecta aussitôt.




C’est avec cette histoire inspirante que je clos l’année 2023. Une année forte en émotions. Une année où notre humanité a été mise à l’épreuve. Je vous souhaite à toustes un joyeux temps des fêtes auprès des vôtres (si possible). Avant de vous quitter, j’aimerais vous poser une petite question : de quoi êtes-vous reconnaissant(e) ?


1 commentaire


Invité
30 déc. 2023

Je suis reconnaissante de mes collègues solidaires ❤️❤️❤️

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