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L’âge fait-il le sage ?


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Ils regardaient l’écran en silence quand soudain William prit la parole :

- Le vol a été retardé.

- Ah bon ?

- Oui papi, dit-il en pointant l’index vers le bas de l’écran. Tu vois là, AC871 qui arrive de Paris à tren…

- Trente minutes de retard, l’interrompit-il. Dans ce cas, allons nous asseoir sur ce banc au fond à droite.

William acheta un soda et rejoignit son grand-père.

- Tu devrais boire plus d’eau Will. Sais-tu combien de sucre contient cette canette ?

- Beaucoup ! Mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est tellement bon !

- Tant que tu en consommes avec modération.

- Oui, ne t’inquiète pas papi, j’en bois une par jour au max.

Il soupira et demanda :

- On peut parler d’autre chose ?

- Bien sûr ! Bien sûr.

Le grand-père hésita un instant puis dit :

- Au fait, ça tombe bien que le vol de ton oncle accuse du retard. Je voulais te parler d’un sujet un peu, comment dire, délicat.

- Qui concerne tonton ?

- Oui. Tu ne le connais pas très bien, n’est-ce pas ?

- Non, pas vraiment. La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a cinq ou six ans, je crois.

- Tu étais encore tout petit, mais tu es en cinquième année à présent, n’est-ce pas ?

Le garçon acquiesça.

- Qu’est-ce qui te tracasse, papi ?

- C’est que, tu vois, ton oncle est de l’autre côté, dit-il en baissant le ton de sa voix.

William se leva et son grand-père s’écria :

- Mais, où vas-tu ?

- Tu viens de me dire qu’il arrive de l’autre côté.

- Non, non, ce n’est pas ça.

- Alors, c’est quoi ? questionna le garçon en se rasseyant.

- Ce que j’essaie de te dire, c’est que ton oncle, ton oncle…

- Oui ?

Il va finir par me le dire un jour ?

- Ton oncle aime les hommes, voilà.

- C’est tout ? Eh bien, tant mieux pour lui !

- Comment ça, tant mieux pour lui ? Tu ne trouves pas que ce n’est pas… naturel ?

- Non. On peut aimer qui l’on veut, peu importe si c’est une femme ou un homme.

- Qui t’a dit ça ?

- Maman, papa, mon enseignante, tout le monde quoi. Nous sommes en 2023 quand même !

- Oui, je le sais bien, mais il y a des choses qui sont sacrées. Je vais parler à tes parents, moi. Ça ne se fait pas de te mettre ces idées dans la tête.

- Quelles idées ? Ils m’ont juste informé que l’homosexualité existe et que…

- Arrête ! Arrête, l’interrompit-il.

Le grand-père se croisa les bras sur la poitrine et hocha la tête d’un air désapprobateur.

- Pourquoi tu réagis comme ça, papi ?

- Parce que c’est, mon fils ! MON fils est homosexuel.

Des visages se tournèrent vers eux.

- Et après ? Il ne fait de mal à personne. Et c’est sa vie privée ; ça aussi ça ne regarde personne.

- Oui, mais la société ne pense pas comme toi Will. La société est ingrate.

- YOLO, papi, YOLO.

- YO quoi ?

- Ça veut dire You Only Live Once. Nous n’avons qu’une seule vie. Tu t’imagines si on la passe à penser à ce que la société veut ? Le jugement des autres prend trop de place dans nos vies. Heureusement, on habite au Canada et ici les gens sont libres d’être qui ils veulent et d’aimer sans tabous tant qu’ils respectent la loi.

Le grand-père posa sur William un regard étonné. Il ne s’attendait pas à recevoir une leçon de morale de la part de son petit-fils âgé d’à peine onze ans, même s’il savait au fond de lui que ce dernier n’avait pas tort.

- Tu sais quoi, Will ? Tu devrais sérieusement envisager une carrière en science politique plus tard.

- Non, ça ne m’intéresse pas. Je veux plutôt devenir journaliste pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas.

Le grand-père sourit et lui adressa un regard rempli de fierté.

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