Aurora

- Nour ! Nour ! Réveille-toi !

L’adolescente se réveilla en sursaut.

- Quoi ? Que se passe-t-il ? Une bombe a pénétré l’abri ?

- Non, ce n’est pas ça !

- Alors, qu’est-ce qu’il y a, Nabil ? Pour une fois que j’arrive à m’endormir.

- Viens avec moi, insista le petit garçon en tirant sa sœur par le bras. J’ai quelque chose à te montrer.

- Maintenant ? As-tu vu l’heure qu’il est ?

- Oui, mais c’est vraiment EXTRAORDINAIRE ! Viens voir, je te dis.

- Où ça ?

- Dehors.

- DEHORS ? As-tu perdu la tête ?

- Non, mais tu risques de la perdre quand tu verras ce que j’ai vu.

- Si c’est un trésor que tu as déniché sous les décombres, ça ne m’intéresse pas. (Elle bâilla longuement.) Allez, laisse-moi tranquille maintenant. J’ai besoin de dormir un peu pour regagner des forces. Et ne sors plus avant que le jour ne se lève ! Tu m’as compris, Nabil ?

- Mais, mais… elles ne seront plus là !

- Qui ne sera plus là ?

- Les lumières dans le ciel.

Nour agrippa son frère par les épaules et le secoua vigoureusement.

- Ne me dis pas que tu es sorti durant les bombardements ! Tu n’as pas fait ça Nabil, n’est-ce pas ? Tu n’as pas fait ça, hein ? Tu sais qu’il ne reste plus que toi et moi de notre famille ! Tu m’as promis que tu ferais attention et que tu ne prendrais jamais de risque. Tu m’as promis, Nabil !

Elle fondit en larmes.

Le petit garçon saisit sa sœur par les hanches et l’enlaça de toutes ses forces.

- Une promesse est une promesse, Nour. Je n’ai pas pris de risque. Il n’y a pas de bombardements cette nuit.

L’adolescente sécha ses larmes et lui demanda :

- As-tu vraiment vu des lumières dans le ciel ?

- Oui ! Et si tu viens avec moi, tu les verras aussi !

- OK ! Je te suis, mais on ne reste pas plus de cinq minutes dehors, c’est compris ?

Nabil acquiesça d’un hochement de tête et accompagna sa sœur à l’extérieur le sourire aux lèvres.

- WAOUH ! QUE C’EST BEAU ! s’écria la jeune fille à la vue des lumières vertes qui dansaient dans le ciel nocturne.

- Tu vois ? Je t’avais dit, EXTRAORDINAIRE ! Tu penses que ce sont les morts qui nous envoient un message ?

Nour prit son frère dans ses bras et lui dit tout bas :

- Peut-être bien que oui, Nabil. Peut-être bien que oui.

Mama, baba, Nizar, où que vous soyez, je vous aime et je ne vous oublie pas !

Ainsi, ils passèrent le reste de la nuit à observer les aurores boréales qui recouvraient le ciel de draperies luminescentes vertes, roses, rouges et violettes.